Le squatter de la salle d'Anglais et le professeur perdu [Feat-Angelo Notame]

Le début de l’année.

Le début des cours, des nouvelles classes, des nouveaux professeurs. La dernière année de lycée où on va nous prendre la tête avec notre avenir. Notre pauvre avenir. Le miens est tracé, je n’en veux pas. Enfin, je ne veux pas décider à l’avenir. Je n’ai qu’une envie, rester dans ma chambre, ne rien faire et profiter encore des vacances.
C’était bien. Être au calme, sans personne. Sans attendre que le temps passe plus vite pour enfin retourner chez soi. Mais ce temps était révolu. J’étais devant le bâtiment maintenant. Rien que le voir, j’étais déjà ennuyé. Je n’avais même pas vu mes parents le jour d’avant. Ils n’avaient même pas essayé de faire semblant d’être intéressé cette année. Ce n’est pas si étonnant, ils se sont enfin rendu compte que je savais très bien que leur travail était plus important que leur fils.

Mes écouteurs dans les oreilles et la musique enclenché, je rentrais dans le bâtiment. Il y avait déjà des personnes. Des groupes, des nouveaux qui se disaient bonjour, les surveillants qui guettaient déjà la moindre bêtise.
Je passais devant le panneau qui indiquait dans quelle classe ont été sans vraiment faire attention, ce n’était pas important. De toute façon si je n’étais pas avec un ou deux « ami », on me le dirait par message, je n’avais qu’à guetter mon téléphone. Je voulais aller sur le toit de l’école. L’endroit le plus calme de tout le lycée étant donné qu’on ne peut pas y aller sauf si on a une autorisation divine donc autant dire jamais, mais on avait des feintes. On trouvait toujours quelque chose pour y aller, mais pas cette fois. Ils avaient réparé la fail ? Non sérieusement... Je ne sais pas comment ils ont fait, mais ils l’ont fait. Pour une fois qu’ils sont intelligents, ils ne le font pas fait au bon moment.

Je devais juste me rabattre dans une salle de classe inutilisée, mais laquelle ? Sachant que je n’avais pas regardé le panneau, je ne savais pas ce qui était utilisée ou non et il n’y avait pas encore le planning sur les portes. Ils auraient pu faire un effort.  Au pire on va dire que j’avais le temps avant qu’un professeur arrive, ils devaient tous être dans la fameuse salle des professeurs ou sur le chemin pour venir, on va dire qu’il était quand même encore assez tôt.

J’étais rentré dans une salle, elle était vide, elle était silencieuse, ça fera l’affaire pour le moment, vu que ça sentait bien le propre, le service de nettoyage avait fait son travail, je n’avais donc pas de risque d’être dérangé par ça. Je m’étais assis au début sur la chaise au fond de classe, j’allais sortir un cahier quand j’ai entendu des personnes parler derrière la porte, je me suis vite relevé et je suis allé dans le placard pour qu’on ne me voit pas, j’avais fermé les portes comme il fallait.
Le flash de mon téléphone allumé, je me suis installé, comme si j’étais dans un lit. Et je l’ai finalement éteint, j’avais remis ma musique avec le volume plus bas, les minutes défilèrent et au moment où j’allais m’endormir, mon téléphone tomba et quelques secondes plus tard la porte s’ouvrait sur… euh un prof ?
J’avais à peine distingué ses mots avec mes écouteurs, mais je pouvais aisément comprendre ce qu’il avait dit. J’ai finalement retiré mes écouteurs en reprenant mon téléphone.


Autant être honnête, je le regardais de haut en bas, il ne me semblait pas l’avoir vu auparavant, est-ce un nouveau professeur ? Depuis que je me cache dans les placards, jamais on ne m’avait trouvé, foutu téléphone, il vient de gâcher ma cachette préférée.


Je suis sorti du placard pour me remettre debout, j’ai réajusté mon uniforme et j’ai refermé les portes du placard comme si de rien n’était… Sur un malentendu ça pourrait potentiellement passé, j’espère juste que je ne l’aurai pas en professeur du coup sinon je suis foutu et je n’ai pas envie de commencer l’année avec un mot dans le carnet à montrer à mes parents qui ne verront jamais ça et qui ne viendront donc jamais et qu’on viendra m’embêter avec le fait qu’ils sont obligés de venir.. ça finir en appel et ça finira mal.
Il est comme ça ce professeur ? Je ne sais pas, je me fais sans doute des idées, mais je me fais déjà le pire des scénarios en tête.

Le début de l’année.

Je ne sais pas si on pouvait dire que le destin avait prévu ce qui allait arriver, mais je ne pensais jamais commencer l’année comme ça, je me disais que j’allais être tranquille dans ce placard pouvoir dormir, mais on dirait que quelqu’un ou quelque chose en avait décidé autrement, je ne pensais pas que j’allais atterrir dans une salle occupée au final ce n’était pas dramatique, mais ce n’était pas quelque chose de bien non plus.
Généralement les professeurs sont dans la salle des profs, discutant de comment ils allaient s’organiser et qui commençaient à se plaindre des élèves avant même que les cours aient commencer. Ils discutaient sans doute de qui aura la pire classe de l’année avec la liste des classes qu’ils avaient. Ils préparent le discours qu’ils aiment toujours sortir. Qu’on doit écouter, qu’on doit obéir, qu’on doit respecter tout le monde que des sanctions peuvent arriver si on ne fait pas ce qu’ils disent, enfin bref tout le blabla qu’on connait qui ne change jamais. Ils parleront cependant cette année que nous sommes dans la dernière ligne droite. Qu’on allait devoir tout donner si on voulait réussir. Pour avoir notre diplôme il faut travailler sans relâche, écouter les professeurs et ne jamais faire de bêtise.
Mais en soit ils s’enfichent bien de ce qu’on peut faire en dehors non ? Ils veulent juste qu’on se taise et qu’on fasse nos devoirs. C’est tout ce qui compte vraiment. Alors quand je me suis fait prendre au final dans ce placard par ce professeur, je ne savais pas quoi penser. J’étais un peu perplexe, même l’écouter parler était étrange. Il semblait perdu, mais en même temps il semblait vouloir faire passer un message sans grande conviction.

Je faisais un peu ce que je veux non ? Si je voulais être dans ce placard, je le faisais, puis c’est tout personne ne peut vraiment choisir à ma place, je suis allé m’asseoir au premier rang. Je sais qu’il est bientôt l’heure, mais bon je ne comptais pas partir maintenant après tout.
J’ai l’impression qu’il faisait parti des professeurs qui allaient se faire marcher dessus Pourquoi ? Bah déjà le gars veut faire comme si de rien n’était. Il allait se faire manger tout cru dans ce lycée. Les gens aiment bien s’attaquer aux professeurs qui laissent un peu tout passer, après je ne sais pas si c’est vraiment ce qu’il va faire, mais commencer par me passer ça, ça n’augure rien de bon.


J’ai mis le sac sur la table et j’ai posé ma tête dessus, je l’observais de haut en bas. J’ai regardé par la suite l’heure sur l’horloge. Il est vrai qu’il était bientôt l’heure pour moi, mais je n’avais pas envie d’y aller. C’était ennuyant les rentrées. C’est toujours ennuyant. Si jamais je loupais une information importante, je pouvais demander à mes camarades après ce n’était pas un problème, mais est-ce qu’il me laisserait sécher ? Surtout qu’il pourrait avoir des ennuis si quelqu’un apprenait que j’étais avec lui au lieu des cours, les rumeurs vont bien vite dans ce genre d’établissement.


Je ne sais pas pourquoi je propose une telle chose, je sais que cela n’a aucun sens, mais bon au moins on va dire que ça occupe pendant un temps. Bon certes il n’est pas obligé d’accepter, mais au moins j’aurai essayé.


Je stressais pour une raison qui m’était inconnu, mais les bruits de pas dans le couloir devait y faire beaucoup sans doute. Je me suis relevé d’un coup, les bruits m’empêchaient de bien réfléchir à la situation. Puis je ne sais pas pourquoi je repensais aux cours, il y avait beaucoup trop de chose à voir, ce soir je vais devoir faire un planning, attends ce n’est pas vraiment le moment de penser à ça, ni à quoi je vais faire mes pâtes, j’ai secoué la tête et je me suis repris, ce n’était pas bien de perdre ses moyens sans aucune raison valable devant quelqu’un.
Au final je me suis rapproché de la fenêtre et j’ai regardé dehors, de là où on était je trouvais les élèves tout petit.


Angelo es-tu quelqu’un de gentil ?
Es-tu quelqu’un d’utile ?

Il était drôle.
C’était un fait. Il semblait paniquer au moindre regard, à la moindre de mes paroles, je ne pensais pas qu’un adulte pouvait avoir autant peur d’un adolescent comme ça, comment il compte étudier s’il agit ainsi ? Il ne faut pas paniquer ainsi sinon les autres vont le manger tout cru, c’est certain. Je les connais. Ils ne sont pas tendre avec les professeurs qui ont l’air faible.
Je l’avais senti se rapprocher au début, je ne m’étais pas retourné, ça serait trop bizarre que je me retourne d’un coup comme ça. Donc professeur d’anglais je prends note. Première fois aussi, oulà mon gars bon courage, je me souviens encore de l’ancien prof de sport, il est plus là, il était nouveau, il n’a pas super tenu, il était tombé sur la pire classe en même temps.
J’espère que ça ne sera pas son cas.

Je me suis retourné à sa proposition, il était bizarre lui, quel genre de professeur dit qu’il est OK pour qu’un élève squatte un casier ? J’ai penché la tête, je ne comprenais vraiment pas sa façon de penser, c’était étrange.
Je ne voulais pas lui attirer des problèmes, mais je ne voulais pas non plus qu’il m’autorise à squatter son placard. Je veux dire s’il est OK, mais qu’il ne s’y attend pas forcément, il aura forcément peur et je ne veux pas qu’il fasse un arrêt cardiaque, car il aura paniqué. Je dois avouer que j’ai un peu la flemme d’appeler les ambulances pour une telle chose. C’est gênant de parler à des personnes qui ne comprennent rien aux situations.
J’allais lui répondre, mais il était déjà reparti vers son bureau chercher ses affaires, il comptait partir ? C’était bien rapide dit donc, mais en même temps vu l’heure c’était on va dire normal, c’est le fait qu’il soit resté aussi longtemps qui m’impressionne je dois bien l’avouer. Je replaçais mon sac sur mon épaule quand il me parla du fantôme, ah bah oui, il m’a cru ? Mon dieu, c’était si drôle.
Je me retenais de rire comme je pouvais, mais ce n’était pas facile comment on pouvait croire que j’étais un fantôme, alors que je pouvais toucher les objets, je ne suis pas un super fantôme voyons.

Je l’ai attrapé par le bras sans savoir pourquoi et je l’ai regardé, sans vraiment savoir si c’était une bonne idée. Il allait prendre ça comme une agression ? Il pouvait clairement prendre ça pour une agression et aller se plaindre. Je l’ai fixé sans vraiment le lâcher. Je ne sais pas pourquoi, mais finalement discuter avec lui-même si ce n’est pas ouf notre discussion j’aimais bien.
Je ne m’entends pas des masses avec les jeunes de mon âge et avec les adultes ça dépend, même si je m’entends bien mieux avec les adultes, il ne faut pas abuser.


Je lui ai lâché le bras, ce n’était pas très poli, mais en même temps comment il peut naïvement croire que je suis un fantôme ? Mais surtout comment peut-il inviter un esprit à rester ? C’est dangereux voyons, il n’a jamais vu les films bizarres où ils font des incantations et pouf ils meurent tous ? J’ai secoué la tête et j’ai remis ma veste en place puis j’ai regardé la porte, les bruits des pas se faisaient de plus en plus présent, cela commençait à devenir dangereux de rester ici. Il était donc tant de partir vers un autre monde, celui ennuyeux des cours et de laisser ce pauvre professeur tranquille.
J’espère en vrai que je l’aurai en professeur, il est drôle, je veux voir comment il s’en sort dans ce monde de brute.
En vrai si mes parents venaient et qu’ils l’avaient en face, je me demande comment ils réagiraient si ce professeur d’Anglais expliquait comment on s’est rencontrés, est-ce qu’ils seraient furieux ? Est-ce qu’ils voudraient que je change d’école ? Va savoir.


Je lui ai souris et je suis finalement retourner m’asseoir sur une table en posant de nouveau mon sac en prenant un livre. S’il sort maintenant et que je reste ici pendant plusieurs minutes voir une heure, ça devrait passer crème, après tout, on entend des pas, mais c’est irrégulier, ça devrait aller.

Bye Monsieur le professeur. On va se revoir, c’est certain.
Il est drôle, j’ai hâte de voir comment il se débrouille.
Est-ce un bon professeur ? Moi je pense qu’il va l’être.
Va-t-il tenir ? Va savoir.